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En Afrique Sahélienne, les sécheresses récurrentes ont entraîné l’une des pires crises à laquelle la communauté humanitaire internationale doit faire face. En effet, depuis les années 1970, la zone, habitée par une population essentiellement agro-pastorale, a connu une crise humanitaire quasi continue, notamment une insécurité alimentaire causée par la sécheresse et la désertification et exacerbée par la violence civile dans certains pays. L’impact diffère suivant les zones d’où l’importance de surveiller la tendance de la végétation dans chaque district (soit du fourrage pour les animaux, soit des cultures pour les populations).
Suivre les changements dan la biomasse
Action Contre la Faim (ACF) maintient plusieurs bases de données pertinentes pour la sécurité alimentaire dans la partie occidentale du Sahel, y compris La production annuelle de biomasse en l’Afrique de l’Ouest, actuellement disponible sur le Humanitarian Data Exchange (HDX). Cette base de données indique la croissance totale estimée des plantes, en tonnes, pour chaque année de 1998-2016. Les pays inclus sont le Burkina Faso, le Cameroune, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, et le Sénégal, désagrégés au 2e niveau administratif (par exemple un Cercle au Mali, ou un Département au Sénégal). ACF rassemble ces données en analysant en détail l’imagerie satellitaire, pour détecter la quantité de végétation présente et suivre ses changements d’année en année (voir la visualisation ci-dessous).
L’importance des données sur la biomasse
Ces données peuvent informer la planification et les réponses humanitaires dans différents secteurs et clusters. Voici quelques exemples :
- Le chiffre de la biomasse par km² indique la capacité du district à soutenir l’élevage et les autres efforts agricoles à un moment précis. Il s’agit de données de base essentielles pour toute analyse de besoins multi-cluster dans la région.
- Une diminution abrupte de la biomasse d’un district d’une année à l’autre indique un point de rupture potentiel pour l’insécurité alimentaire dans un proche avenir et éventuellement dans d’autres secteurs.
- Une augmentation abrupte de la biomasse d’un district d’une année à l’autre est une indication indirecte de plus de précipitations locales et, par conséquent, un risque accru de maladies transmises par les moustiques telles que le paludisme et la dengue.
- Une mauvaise production de biomasse sur plusieurs années consécutives peut indiquer une baisse de la santé du bétail et donc un risque élevé de perte dans les troupeaux.
L’usage des données
Catherine Le Côme de SNV World explique l’usage des données sur la biomasse comme contribution à un service d’information mobile, Sustainable Technology Adaptation for Mali’s Pastoralists (STAMP), qui aide les pasteurs à prendre des décisions concernant leurs migrations saisonnières :
« Le service donnera aux pasteurs une plus grande prévisibilité et contribuera à réduire leur exposition aux risques … Il fournit aux éleveurs un accès instantané à des informations fiables sur la disponibilité et la qualité de la biomasse, la disponibilité des eaux de surface, la concentration des troupeaux et les prix du marché du bétail et des céréales de base le long des points de leurs différentes voies de transhumance. »
Alexander Merkovic d’ACF décrit l’inspiration du projet :
« L’exploration des données historiques est importante pour toutes sortes d’analyse environnementale dans le Sahel. … Nous voulions montrer aux utilisateurs quelle est la volatilité du climat et la vulnérabilité de certaines zones d’une année à l’autre. Cette visualisation vous donne une idée vive de la façon dont une zone peut passer de la fertilité à la sécheresse dans un an et combien il est difficile pour les gens d’anticiper les chocs climatiques. »
Les données sont également intéressantes pour les chercheurs qui étudient le changement climatique et qui analysent les tendances à plus long terme. Les données sont disponibles sur HDX au format « shapefile », à utiliser avec les logiciels SIG comme QGIS or ArcGIS, et aussi sous forme de tableur avec des hashtags de HXL. Mieux comprendre la biomasse et son changement dans le temps, contribuera de manière significative à la planification humanitaire dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, la protection des moyens de subsistance et l’évaluation des risques liés aux maladies.
Celle collaboration avec HDX fait partie des services en cours, fournis par son data lab à Dakar. Depuis le début de l’année, le data lab de HDX à Dakar a collaboré sur des projets des données avec diverses organisations partout dans l’Afrique de l’Ouest. L’objectif du data lab est d’augmenter l’accès aux données pour appuyer les efforts de réponse humanitaire dans la région. Pour en savoir plus, envoyez un courriel à hdx@un.org or lisez ce blog récent.